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Pierre Relkin

Mon art n’a pas de vocation décorative. Il exprime la gravité de notre destin et met en scène l’implacable beauté du monde. Il ne se situe pas dans l’hémisphère du jeu mais relève de la méditation exigeante.

J’associe mode figuratif et mode communément appelé abstrait, un qualificatif dont je conteste l’usage. Je pense que l’abstraction n’a pas sa place en peinture. Un tableau qualifié d’abstrait est un non-sens, un égarement, une méprise. Laissons le mathématicien et le philosophe pratiquer l’économie de la pensée abstraite. Une peinture, une image puisque c’est sa vocation vole toujours au monde réel. Pendant mes études d’ingénieur j’ai questionné la matière à l’aide de moyens d’observation sophistiqués et j’ai compris que l’abstraction n’en était jamais une. L’artiste reproduit nécessairement ce qui existe déjà et ne représente à l’aide de ses pinceaux qu’une séquence du monde réel, souvent à son insu. Les aspects inattendus des matières de ce monde demeurent pour qui le désire une source inépuisable d’inspiration. Quoi que nous représentions, c’est toujours la nature que nous plagions. Le génie de l’artiste est de savoir recueillir pour métamorphoser ensuite. Dans ma démarche créatrice j’ai toujours associé figuratif et abstrait mais abstrait qui n’en est jamais. La relation dialectique qui s’établit entre ces deux modes d’expression ne cesse d’étonner. L’image "abstraite" restée aphone et comme abandonnée se réinstalle naturellement dans le monde accessible et se réapproprie une rassurante identité. L’image "figurative" à l’inverse bascule dans le monde du rébus et du sphinx. C’est de cette manière que la réconciliation s’opère entre les traditionnels frères ennemis et mon œuvre leur permet de fraterniser durablement.

Pierre Relkin

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